Un Jardin Zoologique Provincial de 1934 à 1939

Aménagement paysager de style canadien
Sylvio Brassard, circa 1932
Patrimoine urbain Ville de Québec / Archives Université Laval
P255-9-37.2

Suite à l’arrivée du Nid de l’Aigle, le Jardin zoologique devient une attraction majeure de plus en plus courue dans la région de la capitale. C’est maintenant un Jardin Zoologique Provincial qui figure dans les guides touristiques et les cartes.

Ce paisible endroit qui fut amorcé par un ménagement paysager de style canadien, sous la direction de Sylvio Brassard inspiré des idées de Marius Barbeau, a retenu l’attention des médias pendant ces cinq années où il a prospéré et a acquis ses lettres de noblesse en se hissant au rang de « Jardin Zoologique Provincial« . Sans avoir une rigueur scientifique, on peut consulter les archives des revues et journaux disponibles en ligne dans la collection Revues et journaux québécois numérisés par BAnQ pour constater qu’entre 1934 et 1939 on publiera plus de 700 articles si on se limite aux grands quotidiens du Québec (La Presse, Le Devoir, L’Action catholique et Le Soleil). Mais tout jeune encore, son identité varie selon les journalistes (Le Jardin Zoologique Provincial, de Charlesbourg, de Québec). Dans ces années, il faut bien reconnaître qu’on ne pratiquait pas encore le « branding » qui est, dans le domaine du marketing, la discipline qui consiste à gérer les marques et l’image de l’entreprise qui doit en exploiter sa visibilité. Avec la popularité grandissante de l’automobile, on misera de plus en plus sur le développement de l’industrie touristique, comme on le verra; en plus de parler du Jardin zoologique dans les revues et journaux, d’autres initiatives permettront d’assurer l’influx du tourisme. C’est un voyage dans le temps, de 1934 à 1939, qu’on entreprend ici…


Les 400 ans du Canada

À Rivière-à-Pierre, en 1934, l’imposante sculpture de granit est installée sur deux wagons
Wiki Commons
Le monument Jacques Cartier qui domine le Port de Gaspé, J.C. 4
Éditeur : West Bathurst, N.B. : H.V. Henderson, 1930s
BAnQ – 0003784069 

L’année 1934 en bref

Gaspé – Monument du 4e centenaire
de l’arrivée de Jacques Cartier
BAnQ – P600,S6,D5,P221

Comme on l’a vu dans la note L’axe principal du Jardin, Le Nid de l’Aigle s’est graduellement imposé dans le paysage, trônant au nord du jardin central du parc. En plus du totem, il y a de nombreuses attractions dans ce parc au niveau de la flore et de la faune. La Société zoologique mettra tout en oeuvre pour que ce lieu soit fréquenté, mais on sera moins bavard sur Le Nid dans les journaux, ayant déjà connu son heure de gloire l’année précédente. Pendant ce 400e anniversaire du Canada, les yeux sont tournés vers Gaspé, pour l’inauguration du monument en hommage à Jacques Cartier, cette immense croix de granite érigée près de la rive. Taillée en 1934, à partir d’un bloc de granite gris provenant extrait d’une carrière de Rivière-à-Pierre, cette croix de plus de 42 tonnes fut transportée jusqu’à Québec sur deux wagons par la voie ferrée puis sur un caboteur jusqu’au quai de Gaspé.

Dans Le Soleil du 13 janvier, pendant que le jardin est en hibernation, le Dr A. Brassard prend soin de rappeler que le Nid de l’Aigle était un don de la Société Zoologique au Jardin Zoologique, « un mât totémique authentique […] pour rappeler l’histoire d’une tribu de sauvage de l’Ouest Canadien ». C’est une troisième saison qui s’amorce, annoncée dans Le Soleil et dans L’Action catholique du 19 mai. On continue à considérer le jardin comme un projet en chantier. « Bien que l’organisation ne soit pas encore complètement terminée, le Jardin Zoologique ouvrira quand même ses portes au public dimanche le 20 mai. En avançant de quelques jours la date de l’ouverture, nous permettons ainsi au public, désireux de visiter cet endroit. de profiter des beaux jours du printemps à la campagne ». Dans Le Devoir du 3 novembre, on peut prendre connaissance du bilan de la seconde saison en rapportant plus de 125 000 entrées au jardin, comparativement à 95 000 la saison précédente. Brassard attribue ce succès aux améliorations et à l’ajout de nouvelles espèces, ainsi qu’à l’implication de la Société zoologique.

Un Jardin Zoologique Provincial

Inauguration du Musée Provincial et du Jardin Zoologique
Le Samedi, 5 août 1933
Source : BAnQ Collection numérique
Panorama de la ville de Québec circa 1934
BAnQ – Québec, ses régions de tourisme, page 26
Carte routière et touristique de la province de Québec, 1933
BAnQ – 0005278856

Si on retourne momentanément en 1933, dans la revue illustrée Le Samedi du 5 août, on avait déjà souligné l’inauguration d’un Jardin Zoologique en même temps que celle du nouveau Musée Provincial sur les Plaines d’Abraham; deux nouvelles attractions touristiques pouvant susciter autant d’intérêt autant pour la population locale que pour les touristes. Pour les automobilistes qui désiraient se rendre dans la vieille capitale, le Jardin Zoologique Provincial apparait maintenant sur la carte touristique dépliante publiée par le Ministère de la Voirie. Elle comporte également une vue plus détaillée du district de Québec sur laquelle cette attraction se trouve en plein centre; c’est d’ailleurs la seule attraction spécifiquement nommée, dans la région. C’est sur la route 15 qu’on la retrouve; elle deviendra plus tard la route 54.

Votre voyage ne sera pas complet
si vous n’avez vu le Jardin Zoologique de Québec
Dr Armand Brassard

Québec, ses région de tourisme
Québec : Office provincial du tourisme, Ministère de la voirie,1934
Source : BAnQ Collection numérique

En 1934, c’est au tour de l’Office provincial du tourisme de publier sa première édition du guide « Québec, ses régions de tourisme », un opuscule d’une quarantaine de pages à lire en ligne.

Outre les nombreux attraits déjà mentionnés, un service d’hôtellerie de première classe, la pratique de tous les sports en plein air et la proximité d’un vaste territoire de chasse et de pêche facilement accessible par auto- mobile ou chemin de fer, contribuent à augmenter sa popularité auprès des touristes, qui peuvent aussi faire dans un court rayon de très intéressantes promenades: visites à l’île d’Orléans, aux chutes Montmorency, à Sainte- Anne-de-Beaupré, au Jardin Zoologique de Saint-Pierre-de-Charlesbourg, à Lorette, à Cap-Rouge, aux lacs Saint-Charles, Beauport et Saint-Joseph.

Le JARDIN ZOOLOGIQUE de QUEBEC
La revue moderne, Juin 1934
Source : Collection numérique BAnQ

Pour demeurer dans la même veine, on s’adresse particulièrement aux automobilistes dans la Revue moderne de juin. « Combien d’automobilistes qui ne savent souvent pas comment employer leurs loisirs, trouveraient plus qu’ils ne désirent s’ils choisissaient comme but de promenade cet endroit enchanteur. En cours de route, ils jouiraient des paysages divers qu’offrent nos campagnes québécoises durant la belle saison. Ils rapporteraient de leur journée de bons souvenirs et peut-être aussi un peu plus de connaissances en histoire naturelle ». Le directeur du jardin, le Dr Armand Brassard, conclut son article comme un publiciste bien avisé, élargissant son invitation en profitant d’une opportunité supplémentaire: la célébration d’un anniversaire important.

Enfin mes derniers mots seront une invitation cordiale, non seulement au public des environs de Québec; mais de la province toute entière. Cette année, à l’occasion du 4e centenaire de la découverte du pays, il y aura des fêtes jusque dans la vieille cité de Champlain. Or, comme les visiteurs viendront des quatre coins de la province et d’ailleurs, ce sera, je crois, la meilleure occasion de faire une visite à cet endroit enchanteur. Votre voyage ne sera pas complet si vous n’avez vu le Jardin Zoologique de Québec.

Nos animaux chez eux

Nos animaux chez eux
Claude Mélançon
Amazon.ca

Dans le Le Soleil du 16 juin, on annonce la publication d’un livre qui sera vivement recommandé pour les jeunes naturalistes qui fréquentent le jardin, Nos animaux chez eux de Claude Mélançon. On en fait la recension dans Le Devoir du 17 juillet et le ministre le plus attaché au jardin fait le commentaire suivant. Incidemment, il constitue un excellent guide pour la visite du Jardin Zoologique de Québec et c’est pourquoi, en le pré­sentant au public, M. Hector Laferté, ministre de la Colonisation, de la Chasse et de la Pêche et fonda­teur du Jardin Zoologique, a bien voulu ajouter: « Je crois que ce li­vre arrive à son heure. Qui n’a dé­ploré, en effet, l’ignorance presque complète où nous sommes à l’en­droit de ceux que nos sauvages es­timaient à tel point qu’ils les ap­pelaient leurs petits frères. On n’a qu’à se rendre au Jardin Zoologi­que pour s’en rendre compte. Dans Le Devoir du 1er septembre, la chronique des Cercles des jeunes naturalistes commencera à en publier des extraits périodiquement. On mentionne aussi cet ouvrage dans la revue L’Enseignement populaire de septembre, destinée aux enseignants et enseignantes de la province.

Québec-Montréal

Jardin Botanique . – [193-]
Archives Ville de Montréal- Fonds Service des affaires institutionnelles
CA M001 VM094-Y-1-17-D0165

Dans Le Devoir du 21 juin, un éditorial fait l’éloge du jardin zoologique en soulignant comment certains projets de Montréal sont en panne, dont le jardin botanique et l’arboretum, semble-t-il. « De fait, il y a du miracle dans ce jardin. C’est le gouvernement de Québec et le gouvernement d’Ottawa qui ont fourni les fonds, mais c’est la Société zoologique de Québec qui en a surveillé jalousement la dépense », écrit Louis Dupire. Et on louange grandement le site, ce qui est des plus invitants pour la population de Montréal, près de 700 mammifères et oiseaux à venir voir. En attendant que le jardin botanique ouvre au public quelques années plus tard.

Le choix de remplacement est un conte de fée: il fallait une rivière: il y a une rivière. Il fallait des accidents de terrain, il y en a; des arbres, il y en a. Il faut en abattre: il y en a trop; de la pierre pour bâtir, il y en à revendre. Ainsi de suite.

À propos du Nid

BAnQ – Le Devoir, samedi 21 juillet 1934

Dans Le Devoir du 21 juillet, en décrivant le Nid de l’Aigle dans le récit d’un visite au jardin, on ajoute de surcroit « une espèce de monu­ment aux diverses figures barba­riques« . Rappelons parfois qu’on parle de figures païennes à l’époque; on ne comprend pas la cultures des autres et cela n’a rien d’invitant en soi. On continue de parler des mât totémiques et du totémisme avec beaucoup de préjugés encore.

Les scientifiques de l’A.C.F.A.S.

Invités au congrès de l’A.C.F.A.S.
BAnQ – Annales de l’A.C.F.A.S
Le Soleil, 10 octobre 1934

Dans L’Action catholique et Le Soleil du 10 octobre, on voit également que le Jardin zoologique attire de la grande visite, soit les participants et participantes au 2e le congrès de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences. Comme on peut le constater dans les Annales de l’A.C.F.A.S, durant une séance publique, son directeur souligne l’encouragement reçu de plusieurs personnes pour l’organisation de la quatrième exposition régionale des Cercles des jeunes naturalistes à l’Académie commerciale, dont celle de Charles Frémont, président de la Société Zoologique.


Des honneurs pour un sous-ministre

Au Jardin Zoologique de la province de Québec
BAnQ – Le Soleil, 4 septembre 1935, page 7

L’année 1935 en bref

Dans Le Soleil du 18 mai, on marque l’ouverture de la nouvelle saison du jardin et on annonce l’arrivée de nouveaux oi­seaux aquatiques, des volières d’oiseaux chanteurs plus remplies et de nouvelles espèces de mammifères. Dans L’Action catholique du 31 août, on parle de 285 00 visites au jardin en moins de 3 ans. On considère qu’il est un actif considérable au point de vue touristique et éduca­tionnel. Dans L’Action catholique du 5 novembre, on annonce qu’on ne ferme pas officiellement la saison pour que les visiteurs puissent voir les castors à l’oeuvre dans leur saison la plus active. On désire aussi établir un programme d’hiver pour les causeries dans les institutions scolaires. On vient d’atteindre 100 000 visites pour l’année qui s’achève.

Un sous-ministre honoré

BAnQ – Le Soleil du 4 septembre, page 3

Dans L’Action catholique du 3 septembre et dans Le Soleil du lendemain, on apprend que Louis-Arthur Richard reçoit l’Ordre du mérite agricole pour pour la part qu’il a prise a l’établissement du Parc National des Laurentides et du Jardin zoologique. Instigateur de l’acquisition du Nid de l’Aigle, rappelons que son résumé de carrière est imposant. Il a étudié au Sé­minaire des Trois-Rivières et à I’Université Laval. Il est conseil du roi (CR) et docteur en droit. Il a été pendant dix ans secrétaire de sir Lomer Gouin et ensuite sous-ministre de la Colonisation sous MM. Perrault et Laferté; il l’est encore sous M. Vautrin à ce moment. Il a été également pro­fesseur de législation à l’École forestière. Remarquez-vous quelque chose de particulier dans le portrait de Louis-Arthur Richard, en agrandissant cette rubrique? Souvenez-vous de ses amis, dans les notes précédentes.

À propos du Nid

Campement au pied du nid, tel que décrit le 13 février 1935, le laboratoire d’ornithologie sur la droite. On ne connait pas la date à laquelle il fut élevé comme une exposition temporaire.
== BAnQ – Fonds
Totem
Laboratoire ornithologie

Dans Le Canada du 13 février 1935, on publie une communication intitulée « Une description sur le Jardin zoologique de Charlesbourg depuis 1931 », donnée par M. Rolland Dumais à l’Université de Montréal. Dans ce tour guidé des secteurs du jardin, il décrit comment on se dirige vers le Nid de l’Aigle et fait part d’un projet d’exposition qui aura lieu lors d’une saison suivante, si on en croit la photographie ci haut.

En quittant la section ornithologique, nous franchissons un immense champ, en majeure partie déboisé, qui sera avant peu l’arboretum où seront représentées nos principales essences forestières canadiennes. Au nord, près de la clôture de borne, s’élève un mât totémique, au­thentique, qui nous vient de l’ouest canadien. Il pèse trois tonnes et il est toute d’une pièce. Il a 66 pieds de haut. Avec quelques tentes indien­nes, ce coin rappellera plus tard, a notre population, d’une manière exacte et vivante, les moeurs et cou­tumes de nos anciens sauvages.


Le Nid de l’Aigle se fait invitant

Chouettes dans la volière d’hiver
Paul Carpentier 1938
BAnQ – Fonds ministère de la Culture et des Communications
 E6,S7,SS1,P1707

L’année 1936 en bref

Dans L’Action Catholique et dans Le Soleil du 16 mai, on souligne le succès de la saison précédente; on a dénombré 100,000 visites au jardin. On annonce de nouveaux pensionnaires pour cette nouvelle saison. Chez les oiseaux, on compte no­tamment les bernaches communes, les mésanges, les chouettes cen­drées, les gros becs des pins, les dindes sauvages. Chez les mammifères, on retrouvera le mouflon, le loup-cervier, le lièvre et la loutre. Pour motiver les professeurs à faire visiter le jardin, on annonce le lancement d’un programme de journées-école, qu’on détaille dans Le Devoir du 16 juin dans l’édition du 22 juin.

Ces journées-écoles permettront aux en­fants qui fréquentent les maisons d’enseignement du district de Qué­bec d’étudier les sciences naturel­les sur le terrain, sous la direction de guides compétents tout en pas­sant une agréable journée dans un beau jardin. Des conférences amu­santes et des représentations ciné­matographiques seront données aux enfants. Enfin, il leur sera per­mis d’herboriser dans le jardin, de visiter les laboratoires et d’étudier sur place les animaux.

Dans Le Soleil du 2 novembre, on annonce la fermeture du jardin pour l’hiver en annonçant 80 000 visites, dont 20 000 touristes et 4 000 écoliers ayant profité des journées-école, dans le cours de la saison d’été. On indique qu’on est passé de 114 espèces à 130 espèces : des ours polaires, une collection de lièvres, des dindons sauvages, des faucons et plusieurs espèces d’oiseaux chanteurs.

À propos du Nid

Le Jardin Zoologique de Charlesbourg de nouveau vient d’ouvrir ses portes et le grand Totem du « Nid de l’Aigle » qui fièrement domine le Parc semble comme nous inviter à visiter ce beau coin de nature québécoise.

C’est ainsi que la rubrique « Lettre de Québec » de La Presse du 24 juin s’ouvre, on porte une grande estime au Nid de l’Aigle. C’est probablement la seule fois qu’on semble prêter au mât un trait de personnalité en le trouvant invitant, rien de moins! On souligne qu’il avait été élevé comme un épitaphe à la mémoire des ancêtres du clan de l’Aigle, sur la tombe d’un grand oncle du clan, sa création aurait été initiée par un défi que se lancèrent les chefs de sculpter le plus grand mât, suite à des combats. Même si ses blasons racontent une histoire, ce n’est pas nécessairement celle des migrations ni de la lutte entre les clans du nord et les clans du sud, dont l’invasion de la Nass par le clan de l’Aigle, subséquente à l’éruption volcanique qui eut lieu vers 1760. Peu de gens sont au courant de la présence des volcans sur la Côte Nord-Ouest. Nous reviendrons sur cette éruption et cette migration, dans une autre note. Ce texte s’avérant bien rédigé, on le reprendra deux fois, à quelques années d’intervalle : le 5 juin 1940 et le 15 juillet 1948. Le copier coller ne date pas d’hier…


Les ours blancs volent la vedette

L’année 1937 en bref

Plongeon des ours blancs
SZDQ circa 1935
BAnQ – P547,S1,SS1,SSS1,D79

Dans Le Soleil du 20 mars, on annonce que le tourisme a rapporté 64 M$ à la province pour 1936; pour Québec et ses environs, on note une aug­mentation de 35 pour cent en évaluant à 6,3 M$ l’argent lais­sé par les touristes. Le Jardin Zoologique de Charlesbourg a reçu pendant l’été 80 000 vi­sites, dont 20 000 touristes améri­cains, une aug­mentation de 100 pour cent sur l’an dernier. Dans Le Soleil du 15 mai, on annonce l’ouverture du jardin pour le lendemain en énumérant une grande variété d’espèces qui enrichiront la collection. On mentionne aussi que « des journées-écoles au­ront lieu cette année encore ». Dans L’Action catholique du 24 août, on déclare 85 000 visites et annonce aussi qu’on est sur le point de terminer un nouvel étang à canards sauvages. Le 5 novembre, on annonce la fermeture pour le lendemain. Dans L’Action catholique du 5 novembre, on fait part du succès du programme des journées-école. Aves l’affluence grandissante, on devra envisager un nouveau stationnement. On parle du succès de plusieurs attractions, dont le « camp du trappeur canadien ». Les plongeons dans l’étang des ours blancs attirent particulièrement le public. Ils font des prouesses en plongeant dans l’étang et le jardin reçoit des témoignages de zoologistes américains qu’il n’y a pas un seul jardin aux Etats-Unis où ils sont si amusants.

À propos du Nid

Moulin à vent – Aquarelle de Maurice Goudreau circa 1937
BAnQ – L’étoile du Nord du 5 août 1937 section magazine page 1

Dans L’illustration nouvelle du 3 septembre, on décrit le nid de manière singulière :

On a placé au sommet un totem de 65pieds, don de la nouvelle Société Zoolo­gique de Québec, sur lequel d’é­tranges inscriptions disent l’his­toire d’une tribu indigène vivant Jadis dans la vallée de la rivière Nass, en C.B.

Dans l’Étoile du Nord du 5 août, un journal de la région de Joliette, on présente un portrait idyllique du jardin zoologique, illustré de quelques aquarelles de Maurice Goudreau; après le Nid de l’Aigle, le moulin demeure le symbole iconique du jardin, toujours présent sur les lieux depuis près d’un siècle. On met particulièrement en valeur les éléments de son architecture canadienne et on n’oublie pas de rappeler la présence du Nid de l’Aigle. Ce portrait parait aussi Le bien public et dans Le Canada Français, à la même date.

La section des arbres est un grand carré de terrain entouré de bosquets, de rangées d’arbres canadiens, d’arbustes de toutes espèces. Au centre, un Totem authentique, présenté par la Société Zoologique de Québec, dres­se ses soixante pieds.


Venez photographier et herboriser

Ours polaire au jardin zoologique à Charlesbourg
Paul Carpentier 1938
Fonds ministère de la Culture et des Communications
E6,S7,SS1,P3283

L’année 1938 en bref

Dans L’Action catholique du 30 avril, on annonce que l’ouverture du jardin aura lieu 15 jours plut tôt. Pour la seconde année, les ours blancs son en vedette. Dans l’édition du 29 mai, la chronique du Cercle des jeunes naturalistes rappelle que « le principal facteur de cette popularité est sans contredit les trois splendides ours polaires que nous a apportés la compagnie de la Baie dHudson à l’automne 1936 et que nous avons exhibés dans une magnifique cage en fer de 50 pieds carrés, où tout a été prévu pour que ces animaux aient une captivité aussi agréable que possible ». On fournit beaucoup de détails à propos de ces pensionnaires. Dans L’Action catholique du 2 septembre, on annonce la fermeture du Jardin suite à des dégâts causés par le tempête du 31 août. On l’ouvrira le dimanche pour que le public puisse constater les dégâts et on le refermera pour deux semaines, par la suite. Dans L’Action Catholique du 27 octobre, on annonce la fermeture pour le 30, en rapportant 100 000 visites pour la saison passée. On parle des nombreuses visites des cercles des jeunes naturalistes et un grand nombre d’écoliers. On rapporte à ce moment une collection 114 espèces de mammifères et d’oiseaux gardés au jardin. On rapporte des information également dans La Presse du 28 octobre.

Un zoo l’hiver

Même sous la neige la beauté du Jardin zoologique de Charlesbourg attire les regards
Québec : Office du tourisme, Province de Québec : (entre 1937 et 1943)
BAnQ 0002642596
Concours de photographie
BAnQ – Le Soleil, 4 janvier 1938, page 16

Un photographe talentueux de l’Office du tourisme croque une magnifique photographie du moulin pendant l’hiver. Le concours de photographie organisé par le Syndicat d’initiative de Québec présente des photographies d’hiver prises au jardin zoologique, parmi lesquelles on reconnaît bien le pont presqu’aussi blanc que la neige et le moulin antique dont les ailes tournent au vent.

À propos du Nid

Dans une autre Chronique du Cercle des jeunes naturalistes publiée dans L’oiseau bleu de août-septembre, en plus d’inciter les jeunes à herboriser leur de leur visite, on fait un clin d’oeil au totem qui fait partie de la visite après être passé devant la grande volière.

Plus loin se trouve un « Totem pole » authentique, arrivé des forêts isolées des Montagnes Rocheuses et que les connaisseurs considèrent comme un superbe spécimen de l’art indien. Il est taillé dans un tronc de Pin rouge de la Colombie, mesurant soixante-dix pieds de longueur. On estime qu’il a cent ans d’existence. Il rappelle la rivalité séculaire entre les clans de l’Aigle et du Loup. Encore une fois l’on voit vérifier le dicton: « L’homme se peint dans ses oeuvres. »

Que l’homme se peigne dans ses oeuvres, certes, mais cent ans d’existence le ferait remonter à 1838, une exagération selon les faits connus.

Explorez 1938 dans les journaux numérisés – BAnQ


Un nouveau guide touristique

Jeunes orignaux
R. Bernard, 1936
BAnQ – Fonds ministère de la Culture et des Communications
E6,S7,SS1,P1191

L’année 1939 en bref

Un des événements marquants de l’année est la capture de jeunes orignaux dans le parc national des Laurentides qu’on avait annoncé en avril et dont on fait état en mai; on pourra maintenant les voir de près. Dans L’Action catholique du 22 mai, on rappelle les grand dégâts de 1938 et on annonce qu’il n’y aura pas d’ouverture officielle dans ces circonstances, le jardin étant en chantier; le public se rend en grand nombre pour voir les travaux en cours. Au niveau des journées-école, on fait état du nombre de visites pour certains groupes. Dans Le Soleil du 21 juillet, on constate que 600 orphelins en ont bénéficié et dans L’Action catholique du 28, une initiative de l’O.T.J. a permis à 216 enfants de se rendre au jardin. Dans Le Soleil du 9 octobre 1939, on rapporte la cérémonie de dévoilement du monument coureur des bois. Dans L’Action catholique du 31 octobre 1939, un compte rendu de l’assemblée annuelle de la Société zoologique résume les nouvelles attractions susceptibles de plaire, dont la construction de plusieurs bâtiments, cages, enclos et bassins. On réitère qu’on désire « propager la connaissance de l’histoire naturelle par des cau­series et conférences illustrées de projections cinématographi­ques. C’est une initiative qui intéresserait fortement tous ceux qui aiment a se renseigner sur la flore et la faune ».

Un zoo l’hiver

Hiver au jardin zoologique
BAnQ – Le Samedi 1 avril 1939 page 9

Dans Le Samedi du 1er avril, on présente le jardin sous son manteau hivernal tout en mettant en valeur son architecture canadienne, dont les quartiers d’hiver et le moulin. on rappelle que dès l’automne de 1938, de nombreux ouvriers ont construit une rocaille le long de la rivière DuBerger, un arboretum orné d’une terrasse et d’un lac, plusieurs cages pour les gros mammifères, etc. Au niveau de l’évolution de la collection, on mentionne qu’on loge actuellement 538 animaux comme suit: 261 mammifères, 260 oiseaux, 12 poissons et 5 reptiles; on présente en fait 114 espèces d’animaux, une augmen­tation de 23 sur l’année précédente.

Québec-Montréal

Habitants du zoo
BAnQ – Le Samedi du 22 avril

Dans Le Samedi du 22 avril, on s’aperçoit que Montréal se fait damer le pion par Québec.

Montréal, avec son million d’habitants et plus, ne possède qu’un semblant de ménagerie. Tout comme un jardin botanique (celui de Montréal sera un jour, grâce au Frère Marie- Victorin, l’un des plus beaux du monde), une ville de l’importance de Montréal, métropole du Canada, deuxième ville française du monde, etc., se doit de posséder un jardin zoologique montrable.

Un nouveau guide

La Province de Québec : pays de l’histoire, de la légende et du pittoresque
Guide touristique, Office du tourisme de la province de Québec, 1939
Source : BAnQ – Collection numérique

L’Office du tourisme de la province de Québec publie une nouveau guide touristique intitulé « Province de Québec, pays de l’histoire, de la légende et du pittoresque ». Sa couverture est inspirée du guide de 1934 et on suggère encore une visite au jardin zoologique de Saint-Pierre de Charlesbourg. Agrandissez les 2 couvertures pour examiner les subtiles différences! Cette fois-ci, on utilise la nouvelle numérotation des routes, annoncé par le Ministère de la Voirie dans son rapport de 1934, la route 15 devenant la fameuse route 54. On explique ce changement parce que les automobilistes, surtout les automobilistes étrangers, étaient parfois induits en erreur aux bifurcations, tant du côté de Québec que du côté du lac St-Jean. A Limoilou, par exemple, une branche de notre route 15 se dirigeait vers Ste-Anne-de-Beaupré et le comté de Charlevoix en suivant le fleuve St-Laurent tandis qu’une autre branche se dirigeait vers le Parc des Laurentides, en direction du nord-ouest.


Pour la suite des choses

Cette note devrait avoir permis de mieux comprendre l’évolution du jardin, année après année. On voit bien que le Nid de l’Aigle ne vit pas en vase clos. On en parle peu, malgré sa présence imposante, mais à chaque fois on sent une certaine confusion relativement à comment il est perçu, se bornant à être un objet de curiosité plus qu’une oeuvre artistique autochtone issue de la grand pratique culturelle du potlatch, où se célèbrent les histoires qu’on y raconte. Pourtant, comme on le verra, il demeure un symbole important pour le jardin, qui aurait pu se démarquer encore plus dans le « branding » du jardin. C’est un aspect que nous allons maintenant examiner, mais sur une plus longue échelle de temps.

Collection numérique BAnQ – Requêtes 1934-1939 à explorer

Jardin zoologique – magazines illustrés 1934-1939
Le Jardin zoologique de Québec
Le Jardin zoologique de Charlesbourg
Le Jardin zoologique provincial
Rivière-Du-Berger

Mise à jour : 2002-05-22 – Archive.org


POUR LIRE CETTE SÉRIE DANS SON ENTIER

Accédez à la chronologie des notes sur l’histoire d’un mât totémique exceptionnel ou partagez-la à l’intérieur de vos réseaux sociaux :

PORTFOLIO : HISTOIRE DU NID DE L’AIGLE

2 réflexions sur “Un Jardin Zoologique Provincial de 1934 à 1939

    1. Merci pour la lecture de cet article, et belle occasion de retrouver une collègue de l’Université Laval :)

      J’aime

Votre opinion est appréciée...