28 février 1995. C’est fini pour le Nid et la SZDQ


Ci-dessus : Découpe au chalumeau, 1995-02-28, courtoisie du photographe de la SZDQ
BANQ P884 2007-02-001 \ 88

Le 28 février 1995 est une date importante à retenir dans l’histoire du Nid de l’Aigle, soit le jour où il a été abattu. Les derniers préparatifs sont au rendez-vous. Et ce n’est pas seulement la fin du Nid…

C’est une année horrible pour le Jardin zoologique. Il y deux perdants: Le Nid de l’Aigle disparu dans la nature et la Société zoologique de Québec déboutée en justice à plusieurs reprises. On peut dire que ces deux défaites sont imbriquées. Même si les écrits en témoignent, on sait bien qu’ils ne rendent pas compte de tout. On imagine facilement des appels sans retour, des échanges de courriels infructueux et des réunions où les discussions sont vives. Les documents textuels et iconographiques glanés dans les fonds d’archives permettent au moins de cerner les enjeux rencontrés par de nombreuses parties prenantes, mais il y a le poids des années qui ajoute un silence qu’il n’est pas possible de rompre. On sait au moins que Le Nid sera mis à l’abri en juin 1995, mais son histoire ne s’arrête pas là. On finit par perdre sa trace; disparu dans la nature comme on dit. On se posera encore des questions à son sujet jusqu’en 2007, même après la fermeture du Jardin. Pour le moment, concentrons nous sur 1995.

Revue des événements

Sources : Revues et journaux numérisés par BAnQ
Cliquer sur la découpure pour agrandir ou sur la date pour journal entier

« Un géant rend l’âme »
À LA UNE

Le totem a été abattu
cette semaine

« Un géant terrassé »
LA TROIS

Le géant terrassé
fera encore l’admiration
des visiteurs du Jardin
l’été prochain

QUÉBEC
LE SOLEIL
Vendredi 3 mars 1995

1995-01-18 – Reprise de pourparlers

Dans Le Soleil du 18 janvier, on rapporte que les pourparlers reprennent pour remettre la gestion du Zoo et de l’Aquarium à la Société des parcs de sciences naturelles du Québec (SPSNQ); ceci indique qu’il avaient été interrompus. On mentionne que « la Société zoologique de Québec a entrepris des démarches légales pour hériter des installations et que le dossier sera traité par le tribunal approprié au cours des prochains jours. » Le ministre Brassard résume ainsi l’argument central du litige : « Nous n’avons pas retenu le contrat conclu (par l’ex-ministre libéral Pierre Paradis) avec la Société zoologique. Ce n’était qu’une entente de principe qui n’avait pas pris la forme d’un document notarié et qui ne portait que sur un seul équipement (le Zoo). » On spécifie ceci : « À la fin du mois de décembre, au moment où la Société zoologique a déposé sa poursuite en cour supérieure, le ministère a annoncé qu’il suspendait les discussions pour la remise des installations ». On sent la tension entre les parties prenantes.

1995-02 – Planification du démantèlement

Deux réunions du « Comité du Jardin » permettent d’orchestrer une intervention pour le moins spectaculaire. Le 8 février 1995 – Une sixième réunion est tenue. En page 3, on y rend compte du contact établi avec une firme de grutiers afin de préparer le démantèlement. Un membre rapporte « que le contact a été fait avec une personne de la firme […] afin d’étudier les opérations de démantèlement du Totem. L’autorisation lui est donnée afin de préparer l’emplacement et de passer aux actes. Un second membre informera les autorités du Ministère afin d’avoir l’accord officiel » – qui resterait à retracer. C’est une opération méticuleusement planifiée. Le 22 février 1995 – Une septième réunion est tenue. En page 2, on confirme en que démantèlement est en marche. La fin du Nid de l’Aigle est planifiée. Il reste à confirmer certains détails avec la firme retenue pour ses services. La date prévue est le 28 février 1995. C’est le dernier document de la chaîne décisionnelle retracé dans les archives. Rappelons que ces deux réunions ont lieu neuf mois après la réunion du « Comité de régie Aquarium et Jardin zoologique », tenue le 22 avril 1994. Il en a été question dans la note précédente.

1995-02-28 – Démantèlement

Le 28 février 1995 est une journée doublement pénible pour la SZDQ. D’une part, la firme de grutiers se présente à Charlesbourg pour démanteler le Nid. Les clichés ci-dessus témoignent de la complexité l’opération. Dans la dernier cliché, on voit l’Aigle qui a piqué du Nez… On peut constater son diamètre, presque deux mètres, en se fiant aux silhouettes en avant-plan. Impressionnant! On ne pouvait imaginer sa taille réelle en étirant la tête, lorsqu’on passait à son pied. D’autre part, dans le courant de la journée, la Société zoologique de Québec reçoit une lettre du Ministère de l’Environnement et de la Faune; on lui demande de quitter ses bureaux le 31 mars. Le camion et les huissiers se présenteront à la maison Robitaille, comme on le verra dans Le Soleil du 4 avril.

  • Courtoisie du photographe : En juillet 2019, un fil de correspondance a permis d’obtenir une autorisation écrite pour libérer les droits d’auteur des clichés de la galerie, ci-haut. Ils proviennent du fonds P884 2007-02-001\88 – Dossier 32 – Totem (différentes phases de sa construction), s.d. (60 diapositives).

1995-03-03 – Annonce de l’événement

1995-02-28 Photographie J.M. Villeneuve – Le Soleil
2007-07- 31 – Droits d’auteur acquittés

En agrandissant ce cliché en haute résolution, on constate que les restes du mât auraient pu être conservés et mis en valeur, mais ils sont disparus… Le travail de sculpture des blasons aurait pu être apprécié par les personnes visitant le Jardin, comme il avait été suggéré. Entre 1990 et 1994, plusieurs personnes sont avisées des enjeux reliés à l’intégrité du mât. Sa détérioration est soulignée à plusieurs reprises dans la correspondance et les réunions, dans différents ministères et comités de gestion. Plusieurs scénarios de mise en valeur sont d’ailleurs envisagés, mais l’histoire ne l’aura pas voulu ainsi.

Quelques jours après sa mise au sol, on titre « Un géant rend l’âme » à la une dans Le Soleil. On résume un peu plus loin la situation dans l’encadré « Trop dangereux, un géant terrassé« . On laisse entendre que « les restes du totem ne seront pas déplacés. Entouré d’une clôture, le géant terrassé fera encore l’admiration des visiteurs du jardin, l’été prochain ».

Conservation et valeur patrimoniale

En ce qui a trait à sa détérioration, on révèle qu’en 1990, « on détectât que le bois était pourri et qu’il faudrait éventuellement l’abattre » – ce qui aura pris cinq ans… On rappelle également qu’il a été « transporté à Québec par chemin de fer à partir de Prince-Rupert » en mentionnant ce détail important: « on a dû le sectionner en deux morceaux pour qu’il puisse trouver place sur les wagons ». On peut concevoir qu’un mât totémique de 65 pieds pesant plusieurs tonnes, même s’il est sculpté dans un robuste pin de Colombie, est forcément atteint dans son intégrité structurale après avoir été coupé en deux; encore plus lorsqu’il a été soumis aux rigueurs climatiques pendant plus de 120 ans. Cette situation se rencontre rarement pour les mâts qui subsistent sur la côte Nord-Ouest sans avoir été tronqués et qui sont souvent restaurés méticuleusement. Au niveau des travaux de conservation, « on l’a repeint en 1950, puis, de nouveau, en 1962 » souligne-t-on. Mais cela ne peut pas être considéré comme une manœuvre de restauration efficace, telle que celle entreprise sur le mât Kwakiutl de l’Expo 67 en 2007, à grands frais pour la Ville de Montréal, comme il a été expliqué dans la note 11, « 1967-2007 – Vents d’Ouest. » Finalement, au niveau de l’établissement de sa valeur patrimoniale, si on revient aux décisions prises en 1994-1995, il n’y avait pas toutes les ressources maintenant disponibles sur le Web pour retracer l’histoire du Nid, sauf ce qui avait été écrit dans les publications de la SZDQ et les écrits de Marius Barbeau, principalement. C’est après avoir localisé un grand nombre de publications et de documents iconographiques qu’il a été possible de prendre du recul et de remettre en contexte l’histoire de ce mât totémique.

Un litige criant dans les médias locaux

1995-03-06 – Injonction interlocutoire

Québec, Le Soleil, mardi 7 mars 1995, A-7

Après le démantèlement du Nid de l’Aigle, rien ne va plus entre le ministère de l’Environnement et de la Faune (MEF) et la Société zoologique de Québec (SZQ)en ce qui concerne l’éventuelle la main mise de la Société des parcs de Sciences naturelles du Québec (SPSNQ).

Nous avons obtenu une injonction interdisant au gouvernement de vendre le Zoo. Ce n’est pas l’avis reçu de la part de fonctionnaires de l’Environnement et de la Faune qui va nous faire bouger.

La présidente de la SZDQ

Dans Le Soleil du 7 mars, on titre « Une injonction bloque la vente du Jardin zoologique ». On apprend qu’une injonction interlocutoire, émise la veille par le juge Jacques Philippon de la cour supérieure, empêche l’État de signer une entente cédant la gestion du Zoo et de l’Aquarium à la SPSNQ. La présidente de la SZDQ reçoit du directeur régional du MEF une lettre qui ressemble tout à fait à un avis d’éviction lui demandant de libérer « au plus tard le 31 mars ». Après avoir eu gain pour bloquer la vente, dans Le Soleil du 8 mars, on revient sur la lettre du MEF reçue par la Société zoologique du Québec, qui ressemblerait à un avis d’expulsion pour le 31 mars.

1995-03-17 – Historique du dossier au MEF

Note interne MEF
1995-03-17 Annexe II

Pendant cette période chaotique, le personnel ministériel discute par écrit pour régler les situations critiques. Quand les injonctions se multiplient, il faut effectuer un suivi serré. Un note interne du MEF est expédiée au sous-ministre. Elle est signée conjointement par le sous-ministre adjoint aux opérations Faune et par le directeur général des services à la gestion du MEF. On y examine les déficits d’opération des activités reliée au Jardin zoologique et à l’Aquarium de Québec pour l’exercice 1994-1995. Une annexe jointe à cette note permet de bien comprendre les tensions entre les différentes parties prenantes en effectuant un survol de la situation depuis 1986. Il y a près de dix ans qu’on réfléchit sur la structure de propriété et de gestion sur les deux grandes institutions touristiques de la capitale, le Jardin et l’Aquarium. On revient notamment sur les élections de 1994.

1995-03-20 – Outrage au tribunal

Québec, Le Soleil, lundi 20 mars 1995, A-1

Dans Le Soleil du 20 mars, on se rend compte de l’importance que prend la partisanerie politique, qui s’ajoute au litige, et on déclare que « la Société zoologique de Québec (SZDQ) accuse le gouvernement péquiste de poser des gestes pour l’intimider et de refuser de lui payer ses comptes après l’avoir contrainte à l’endettement ». En effet, pour reprendre l’argument du ministre Brassard, qui avait été exposé dans l’article du 18 janvier, « le groupe sans but lucratif (la SZDQ) et le gouvernement s’affrontent au sujet de la gestion du zoo. La Société tente de faire reconnaître un contrat signé par l’ex-ministre libéral de l’Environnement, Pierre Paradis, et renié par son successeur péquiste Jacques Brassard ». Comme on l’a mentionné dans la note précédente, la Société des parcs de sciences naturelles du Québec était la favorite en lice, à ce moment. On constate aussi que se perpétue un comportement traditionnel suivant une élection, renier ses prédécesseurs, quand on ne les accuse pas à tort.

1995-03-21 – Québec gérera le zoo seul

Québec, Le Soleil
mardi 21 mars 1995, A-1

La cession des équipements et des bêtes à la Société zoologique par l’ex-ministre libéral Pierre Paradis est-elle légale ou non?

Le ministre du MEF

Avec un tel article à la une, le ministre Brassard ne tarde pas à répliquer le dans Le Soleil du lendemain. On titre : « Québec gérera le zoo seul. Le ministre Brassard rejette les accusations d’intimidation ». Dans la colonne de droite, on voit une Brigitte Bardot combative qui repart en guerre contre le Canada; une question de protection des animaux, pas de zoo, mais c’est dans la même sphère. Est-ce un choix éditorial du pupitre de mettre ces deux articles en regard? Serait-ce une simple ironie du sort? Qui sait…

1995-03-30 – La SZDQ s’accroche

Dans Le Soleil du 30 mars, une journée avant qu’on vienne expulser la Société zoologique de la petite maison qu’elle occupe, c’est l’énergie du désespoir qui se manifeste.

C’est encore une course aux obstacles juridiques. En fait, un rebondissement de plus, on indique que la SZDQ « a déposé hier une requête pour empêcher Québec de l ’expulser du zoo, le 1er avril. Elle réclame aussi que les tribunaux tranchent enfin la question de fond: le contrat signé par l’ex-ministre libéral Pierre Paradis, lui donnant bêtes et équipements, est-il valable ou pas ?

La comparution a lieu le jour même, au palais de justice de Québec. Mais il semble que rien ne présage de bon, comme on le voit dans le prochain article.

1995-04-04 – Divorce consommé

Québec, Le Soleil, mardi 4 avril 1995, A-4

Les chaises, c’est pas grave, a-t-il enchainé, notre but est de garder le patrimoine public, comme les documents d’archives constitués au fil des ans tant par les fonctionnaires que la Société.

Le directeur du Jardin

Michel Corbeil, du journal Le Soleil, publie l’article Divorce consommé qui fait état de l’expulsion de la Société Zoologique de Québec. Un mois après que le Nid de l’Aigle qu’elle avait offert au Jardin 1933 est abattu, la SZDQ doit maintenant se plier à une ordonnance de la cour supérieure, qui donne la gestion des lieux au gouvernement seul.

Sur la trace des miettes

On se dispute les miettes certes, mais cela explique pourquoi on retrouve aujourd’hui une si grande partie des archives du Jardin dans le fonds P884 Société des parcs de sciences naturelles du Québec à BAnQ. Comme on le découvrira plus tard, les documents ont fait du chemin pour se rendre à ce fonds, car ils proviennent de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) qui finit par s’occuper du Jardin. Ils ont été acquis selon une convention de donation signée le 29 mars 2007, un an après la fermeture du jardin, le 31 mars 2006.

Première résidence
du directeur du Jardin
J.-A. Brassard, 1991

La photo du camion de déménagement dit tout. Il est stationné derrière la maison Robitaille*, qui fait partie du patrimoine bâti du Jardin.

Cette maison provenant des environs fut transportée en 1931 au nord-est du terrain.

Elle fut la première résidence occupée par le docteur J.A. Brassard de 1933 à 1939, puis fut le domicile de J.-Émile Latouche secrétaire du Jardin de 1939 à 1969 et enfin abrita monsieur Robert Robitaille contremaitre du Zoo de 1970 à 1982.

En avril 1984, elle deviendra le siège social de la Société zoologique de Québec.

On réagit sur le tard, mais on réagit!

1995-04-26 – Protéger les restes

Comité de régie du jardin
1995-04-26 page 4

Revenons au Nid de l’Aigle. Le mal est fait, on ne peut plus revenir en arrière, il faut tenter de sauver les meubles, comme on dit.

À la neuvième réunion du « comité de régie du jardin », il est nécessaire de gérer la suite des événements, afin de planifier comment on pourra protéger le Nid de l’Aigle en attendant qu’une décision finale soit rendue, si on désire le garder.

On suggère un endroit pour le protéger et de possiblement fabriquer un abri pour éviter sa détérioration. On croit aussi qu’il faut prévoir des coûts pour le déplacer afin qu’il serve éventuellement d’exhibit.

1995-05-02 – Un traitement méprisable

Québec, Le Soleil,
mardi 2 mai 1995, A15

En quelques mois, on voit surgir des enclos, des cages, des volières; les animaux arrivent dès que les abris sont prêts. Pour marquer ses débuts au Jardin, la Société lui fait don d’un mât totémique qui fait aussitôt l’admiration des visiteurs. Ils affluent et en redemandent au point que, 12 ans plus tard, le ministre responsable suggère à la Société de charger un droit d’entrée.

L’ancien président de la SZDQ

Ce n’est que quelques mois plus tard que Gabriel Filteau, ancien président de la SZDQ, se prononce sur l’éviction du 31 mars, dans la page Opinion du journal Le Soleil, dans l’article Un traitement méprisable non mérité. En tête de son opinion, il évoque ce chaos dans lequel est survenu l’éviction. Mais il rappelle aussi avec nostalgie l’histoire de la Société et la place occupée par le totem.

Gabriel Filteau
Ordre national du Québec

Rappelons que M. Gabriel Filteau (1918-2015), Docteur en sciences zoologiques, a été récipiendaire de l’Ordre national du Québec en 2014.

Il a été président de la Société zoologique de Québec de 1962 à 1965, de 1988 à 1991 et de 1992 à 1994. Il a été professeur à la faculté des Sciences de l’université Laval.

1995-05-31 – Encore à la recherche de solutions

Comité de régie du Jardin
1995-05-31 page 3

Lors de la dixième réunion du comité de régie du Jardin, en plus de voir à la protection des restes, il faut maintenant songer à des solutions qui permettraient de conserver cet héritage.

On envisage quatre scénarios différents, dont le dernier sera retenu comme on le verra plus loin.

On pourrait procéder à sa destruction selon les règles de l’art, en consultant des spécialistes; on pourrait encore procéder à une restauration, ce qui impliquerait beaucoup d’argent; on peut encore envisager de l’installer sous une tente ou une remorque; finalement on propose de l’entreposer pour l’été 1995, ce qui serait probablement la solution retenue.

1995-06-11 – SPSNQ vs SZDQ

Québec, Le Soleil
Dimanche, 11 juin A-5

Dans Le Soleil du 11 juin, on rappelle que pour l’Aquarium, « Québec paie mais ne gère plus… » La décision a été annoncée pendant la semaine. On apprend essentiellement que l’Aquarium provincial est maintenant géré par Société des parcs de sciences naturelles du Québec (SPSNQ). Le ministre Brassard profite de cette annonce pour rappeler également ses vues sur le Jardin, qui devrait aussi être privatisé: « un autre équipement dont veut aussi se débarrasser le gouvernement péquiste: le Jardin zoologique », selon le rédacteur de cet article, qui n’est pas signé. On rapporte que la Société zoologique, de son côté, continue à se débattre pour faire « reconnaître la promesse de l’ex-gouvernement libéral de Daniel Johnson, de lui confier le zoo ». Les parties se rencontreront encore une fois à la cour, au milieu de juillet. Le torchon continue à brûler.

Un faux sentiment de sécurité?

1995-06-21 – Le totem est entreposé

Comité de régie du Jardin
1995-06-21 page 3

Le totem est entreposé. Il reste seulement à le couvrir. Un membre du comité s’en occupe.

Lors de la onzième réunion du « comité de régie du Jardin », les membres sont maintenant rassurés quant à la disposition finale du totem. Quatre mois après son démantèlement, c’est la dernière information traçable confirmant que les restes du mât sont encore sur les terrains du Jardin. Tous les comptes rendus des réunions suivantes ont été examinés jusqu’à fin 1996, et rien d’autre n’est apparu. On pourrait croire que tout va bien, mais on verra plus tard que le totem est disparu dans la nature. Il y a encore un écart à combler entre ce dernier signe nous assurant que le totem et d’autres signes comme quoi il est disparu.

1995-08-24 – Une bête défaite

Dans Le Soleil du 24 août, on apprend que la Société zoologique de Québec a subi une dure défaite dans sa guerre juridique avec le gouvernement péquiste pour gérer le zoo provincial, situé à Charlesbourg. Si on s’en tient à l’essentiel, car l’article livre beaucoup plus de détails, on indique que dans un jugement unanime, émis le 22 août, trois juges de la cour d’appel renversent une décision du juge Jacques Philippon, qui avait été rendue le 6 mars, tel que cité plus haut. Ce dernier avait interdit à Québec de céder le Jardin zoologique et l’Aquarium à la Société des parcs de sciences naturelles. La Société zoologique conteste depuis des mois la décision du ministre de l’Environnement Jacques Brassard de donner les deux endroits au groupe concurrent. Elle affirme que l’ex-ministre libéral s’était déjà engagé par contrat à lui remettre les clés. Selon les trois juges ayant rendu la décision « 1’entente ratifiée avec le ministre libéral Pierre Paradis ne représentait qu’un cadre de négociation […]. Un accord aussi vague, nécessitant des précisions et des additions sur des points critiques, n’avait aucun caractère exécutoire. La Société zoologique ne pouvait se baser sur elle pour l’empêcher (le gouvernement) de choisir éventuellement un autre partenaire.» D’après le jugement, l’injonction ne peut forcer l’Étal à ratifier un contrat en invoquant « un acte préparatoire. Fort adroite, la procédure d’injonction (…) prend le ministre de l’Environnement en otage et l’empêche de prendre les moyens pour réorganiser ses services et régler ses problèmes financiers. »

1995-12-22 – La SZDQ a encore la foi

Dans Le Soleil du 22 décembre, on apprend que la Société zoologique, après toutes ses défaites, indique qu’elle revendique toujours une « place de choix » dans ce que sera le zoo à l’avenir. Cette dernière a trainé Québec en cour pour l’empêcher de vendre le Jardin à qui il le voulait. Elle a perdu sa cause, mais maintient que l’entente, signée par l’ex-ministre libé­ral Pierre Paradis, constitue un contrat en bonne et due forme. C’est ainsi que se clôture l’année, avec un totem démantelé, une expulsion des lieux et la promesse d’un ex-ministre, envolée en fumée. Pour le moment, on peut croire que le chapitre final de l’histoire du Nid de l’Aigle vient de s’écrire; il s’est fait clouer le bec dans une indifférence presque notoire. Mais il y de l’information supplémentaire qui vous surprendra, dans la prochaine note!


POUR LIRE CETTE SÉRIE DANS SON ENTIER

Accédez à la chronologie des notes sur l’histoire d’un mât totémique exceptionnel ou partagez-la à l’intérieur de vos réseaux sociaux :

PORTFOLIO : HISTOIRE DU NID DE L’AIGLE

4 réflexions sur “28 février 1995. C’est fini pour le Nid et la SZDQ

  1. Bonjour,
    Je suis souvent allé marcher au parc des moulins et je me suis posé la question, qu’est-ce qui est arrivé au totem?

    Mes recherches me conduisent à votre site, une recherche de titan entreprise de votre part.

    Disparition étrange, il y a quand même un laps de temps dans les archives entre 1995 et 2006 à la fermeture. Quelqu’un à quelque part ou un ancien employé sait ce qui est arrivé durant ce temps… D’un autre côté, brûlé ou détruit…hum j’ai des gros doutes…vendu à un collectionneur privé, possible…ou tout simplement abandonné sur place…dans un bâtiment, peu de chance…ou tout simplement pourquoi pas enfouis sur place…?

    Un arbre aussi imposant se déplace par une grue donc des coûts importants…mais les notes disent qu’il a été abrité…donc c’est qu’il était à l’extérieur…sinon on aurait pas besoin de le protéger des intempéries…mais ensuite..il semble disparaître selon vos recherches…il y a des rénovations pour relancer le zoo les années suivantes…une pièce devenue obsolète et gênante…il est facile de l’enfouir en quelques coups de pelle sur place…mais tout ceci n’est qu’hypothèse de ma part, vos recherches en trouveront la véritable finalité j’espère…

    Aimé par 1 personne

    1. Merci pour votre compliment.

      Nous sommes plusieurs dans la région de Québec à nous poser cette question. Voir quelqu’un réagir est encourageant. Effectivement, toutes vos questions et vos hypothèses sont intéressantes et s’appliquent; vous comprendrez que ce cas nous plonge dans un brouillard dans lequel peu de personnes ont désiré s’engager.

      Il y a encore un zone grise effectivement entre 1995 et 2006, temps pendant lequel les grands chantiers de rénovation ont eu lieu. La bonne nouvelle, c’est que nous avions au moins un résidu en 2007, la queue du castor ironiquement, mais qu’en est-il advenu également? C’est une seconde couche de brouillard, de la brume!

      Au moment où j’ai reçu les photos, je savais exactement dans quel bâtiment, mais je ne pouvais pas intervenir, pas assez familier avec ce qui s’était passé avant. Le mieux, c’est qu’on en sait un peu plus. Surtout peiné de la réaction de la famille Hunt si vous vous référez à la note sur la rénovation du mât Kwakiutl en 2007. C’est à ce moment que j’ai constaté que le Nid avait été abattu. Un peu trop tard, et la famille Hunt de Vancouver ont été bien indignés, laissez-moi vous dire!

      Je résiste à émettre des opinions pour le moment tant que tous les faits ne sont pas débusqués. Et comme vous pouvez le constater, j’ai délibérément caviardé les noms des personnes qui ont mené à son démantèlement pour éviter de créer des remous inutiles. Mais tout est en clair quand on fouille dans les fonds de la SZDQ, de la SPSNQ et de la CCNQ.

      Il y a encore des contenants à explorer dans les voûtes et nous continuons.

      Bien cordialement,

      Claude Lanouette

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